L’interprétation des standards en situation extrême : le pouvoir fait-il la différence?
Cet article s’interroge sur le rôle que jouent les standards dans la coordination du travail en situation extrême. La pensée organisationnelle classique nous a habitués à préconiser, dans ce type de situation, l’adoption de pratiques informelles, reposant sur des relations interpersonnelles entre acteurs. Diverses recherches empiriques montrent cependant que, même en contexte incertain et complexe, des pratiques formalisées, se référant notamment à des standards, ont toute leur place et leur pertinence. Notre contribution s’inscrit dans cette perspective en explorant les standards à l’oeuvre dans les pratiques de coordination en situation extrême. Nous montrons d’abord que ces standards sont d’origine et de nature diverse, ce qui leur donne des rôles différents. Nous précisons ensuite que le travail interprétatif qu’ils permettent est sans doute très largement dépendant du système de pouvoir dans lequel ils s’inscrivent. A partir de deux études de cas - l’une dans le cadre d’opérations aériennes de l’OTAN en Afghanistan et l’autre au sein d’un service de néonatologie universitaire, d’autre part - nous développons et discutons la thèse centrale de l’article selon laquelle le caractère plus ou moins structurant des standards mobilisés face aux situations extrêmes est étroitement lié aux rapports de pouvoir observables dans chaque cas particulier.