Résumé
Si certains font remonter les expressions de “post” suivi de quelques substantifs (modernité, management, confinement, etc.) au roman de Georges Orwell, 1984, c’est parce que cet auteur a écrit une dystopie dans laquelle les jugements les plus paradoxaux sont assénés par un pouvoir central (Big Brother) qui cherche à contrôler les esprits en maîtrisant le langage. Etymologiquement pourtant le “post” c’est juste ce qui vient après, et les expressions traditionnelles sont, sur ce point, sans ambiguïté : postmortem, post-prandial, post-scriptum, etc.
Mais chez Orwell, ce qui suit contredit forcément ce qui précède, et les slogans s’enchainent dans une cacophonie sémantique totale : “la guerre, c’est la paix”, “la liberté, c’est l’esclavage”, “l’ignorance, c’est la force”. Aussi quand les auteurs de gestion s’intéressent au “post-management” la vigilance doit rester de mise. Va-t-on brûler demain ce qu’on avait adoré hier ? Va-t-on mettre à mal le principe aristotélicien de non contradiction ?
Dans cet ouvrage il n’en est rien car les différents chapitres proposés explorent les voies de progrès qui se présentent au management contemporain sans renier les apports du management traditionnel. François Silva avait défini, lors d’une conférence Ted qui s’est tenue à Bordeaux en 2019 le postmanagement comme “une posture d’intelligence relationnelle pour faire intelligence managériale”. C’est en ce sens que les différents contributeurs à cet ouvrage collectif lui rendent hommage pour saluer sa vision prospective au service d’un autre management.