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APPEL à PUBLICATIONS – RMA Santé & Environnement

"Intégration universitaire des formations paramédicales et conséquences sur les organisations de santé Editeurs invités". Date limite de soumission : 31 Octobre 2024.

Intégration universitaire des formations paramédicales et conséquences sur les organisations de santé

Editeurs invités : Emmanuel Touzé et Pauline Lenesley

Date limite de soumission des articles : le 31 Octobre 2024

L’intégration des professions paramédicales au sein des structures universitaires représente une transformation profonde tant pour les institutions d’enseignement que pour le secteur de la santé. Cette évolution, désignée sous le terme d’universitarisation, soulève d’importantes questions relatives aux comportements organisationnels, aux dynamiques de groupe, à l’identité professionnelle, et à la culture institutionnelle (Le Bouler & Lenesley, 2021).

D’après Bourdoncle (2007, 11), « il y a universitarisation lorsque les institutions de transmission des savoirs d’un secteur professionnel, ces savoirs eux-mêmes et les formateurs qui les transmettent se trouvent en quelque sorte absorbés par l’université ». Ce phénomène initialement décrit pour la formation des enseignants depuis 20 ans, en lien avec la création des instituts universitaires professionnels, puis des IUFM, puis des INSPE (Ade, Piot, 2018), se retrouve aussi dans les professions paramédicales (Perez-Roux, 2019).

Le passage à une formation universitaire pour les professions paramédicales modifie les attentes, les normes et les pratiques au sein des établissements de soins (Ministère des Solidarités et de la Santé, 2018). Cette transition peut influencer la perception de l’identité professionnelle parmi les paramédicaux, affectant leur engagement, leur motivation et, ultimement, la qualité des soins prodigués. Il devient crucial d’examiner comment ces professionnels négocient leur place dans un paysage éducatif et clinique en mutation, et comment cela se répercute sur leur intégration et leur collaboration au sein des équipes de soins.

L’universitarisation pose aussi des défis organisationnels, notamment en termes de gestion du changement (Merdinger-Rumpler & Nobre, 2011). Pour y répondre, les organisations de santé sont appelées à revisiter leurs méthodes de recrutement et de formation afin de garantir l’apprentissage et l’innovation (Parent & Bareil, 2014). L’ère post-pandémique, avec son orientation vers le travail hybride, accentue l’importance d’adapter les pratiques de gestion au changement (Johnson, 2021). Cela implique une collaboration plus inclusive et sécurisée, cruciale pour naviguer dans les défis structuraux et comportementaux au sein des organisations. Analyser ces processus permettrait de saisir comment les modifications structurelles affectent le comportement au sein des organisations, et inversement.

En outre, l’innovation pédagogique s’entendant ici au sens de Cros (1997, 2017), c’est-à-dire du point de vue des acteurs, dans un établissement donné, un contexte spécifique, et une période particulière, révèle régulièrement des tensions entre universitarisation et professionnalisation (Ade & Piot, 2018). Les acteurs s’accommodent des nouvelles conditions dues aux transformations induites et révisent ainsi leurs pratiques professionnelles de formateurs, d’évaluateurs, au service de la professionnalisation des apprenants et de la profession (Wittorski, 2019). La constitution récente des sections disciplinaires des sciences infirmières, de la rééducation/ réadaptation telles qu’elles sont respectivement homologuées en France au sein des sections 92 et 91 du Conseil national des universités ravive notamment la place de la recherche, de son enseignement et de son intégration au sein de la formation paramédicale universitaire. Cela soulève des questions sur l’évolution des compétences professionnelles et des pratiques de soins. En effet s’inscrire dans une démarche évidence base practice (EBP) (Sackett  & al., 1996), à la fois basée sur les données probantes, sur l’expérience du professionnel et les préférences du patient, dans un contexte ecobiopsychosical, demande un temps d’acculturation et une modification des regards portées sur le soin et sur les pratiques professionnelles effectivement réalisées.

Il s’agira donc de prêter une attention toute particulière aux contributions qui viseront à éclairer comment les approches pédagogiques influencent non seulement l’apprentissage individuel (Guyet &Saillot, 2024) mais aussi la manière dont les professionnels interagissent au sein des équipes, impactant ainsi la dynamique organisationnelle et la prestation de services (Pinsault, 2020).

Cette intégration universitaire des formation paramédicales va aussi agir sur la transformation des équipes enseignantes et donc des modalités de transmission de la culture professionnelle comme le souligne le Rapport IGAS IGESR de mars 2024 « Ressources humaines et statuts des encadrants et enseignants-chercheurs dans les formations paramédicales universitarisées ». Ce rapport formule notamment dans sa recommandation 24 : « Construire un dispositif national et régional d’accompagnement des directeurs et formateurs dans l’intégration pédagogique à l’université par de nouvelles organisations des équipes et une complémentarité des missions entre expertises en soin, enseignement et recherche ».

Les contributions s’appuieront sur des approches méthodologiques mixtes, combinant l’analyse de données quantitatives sur les impacts mesurables de l’universitarisation (tels que taux de réussite, satisfaction professionnelle, efficacité des soins) et des études qualitatives comprenant des entretiens et des observations (de Saint-André, Montésinos-Gelet & Morin, 2010 ; Albero & Thievenaz, 2022). Cette diversité des approches méthodologiques est essentielle pour rendre compte de la complexité des changements en cours, en fournissant une vue d’ensemble riche et nuancée des répercussions de l’universitarisation sur les comportements organisationnels au sein des organisations de santé.

En définitive, les contributions attendues devront prendre en compte le point de vue des organisations de la santé et/ou des universités. Elles chercheront à repérer les conséquences de l’universitarisation sur les structures de santé (hospitalières ou de territoire), les lieux d’exercice, la tension profession-métier, les compétences professionnelles et les savoirs théoriques, ainsi que les répercussions sur le fonctionnement et l’organisation des Universités.

Plus particulièrement, elles aborderont la question cruciale de l’identité professionnelle des acteurs impliqués. L’universitarisation, en déplaçant les frontières traditionnelles entre formation professionnelle et académique, pose des défis en termes de reconnaissance des métiers paramédicaux. Ces professionnels sont souvent confrontés à un besoin de « validation » et de valorisation de leur expertise à la fois dans les milieux cliniques et académiques, ce qui peut redéfinir leur sentiment d’appartenance et leur engagement envers leur profession.

L’expérimentation des nouvelles méthodologies pédagogiques et l’intégration de la recherche dans les cursus doivent être évaluées pour assurer qu’elles répondent non seulement aux standards académiques mais aussi aux exigences concrètes des environnements de soins de santé. La cohérence de l’offre de formation, devant s’aligner avec les besoins évolutifs du secteur de la santé, nécessite une collaboration étroite entre établissements universitaires et institutions de soins. Cela garantit que les programmes de formation restent pertinents et adaptés aux défis contemporains de la santé, tout en préparant efficacement les étudiants à des carrières réussies et satisfaisantes dans les métiers paramédicaux. Ces discussions contribueront significativement à la compréhension et à la mise en œuvre de stratégies efficaces pour une universitarisation réussie qui bénéficie à tous les acteurs impliqués.

Les questions qui pourront être étudiées seront donc liées aux approches suivantes :

  • Quels types de partenariats, modèles de coopérations sont envisageables pour accompagner le virage universitaire ?
  • Quelles sont les perspectives de ce virage universitaire ? Est-il différent de celui qui a été observé pour la formation des enseignants de l’éducation nationale, pour les IUP et IAE ?
  • Quelles sont les interactions entre les changements éducatifs et organisationnels dans le secteur de la santé ?
  • Quels sont les défis, les opportunités et les stratégies d’adaptation liées à l’universitarisation ? 
  • Quels sont les outils qui peuvent favoriser l’universitarisation ?
  • En quoi le caractère universitaire d’une formation participe de sa reconnaissance et offre des perspectives d’évolution de carrières ?
  • Quelle est la place de la formation à un métier à l’Université ?
  • Quelle évaluation doit être pensée pour évaluer des formations professionnalisantes à l’Université ?
  • L’Université dispose-t-elle des compétences nécessaires au portage des formations paramédicales ?
  • Comment les formations paramédicales universitarisées s’intègrent-elles dans l’offre de formation des Universités ?
  • Quelles sont les conséquences de l’universitarisation sur l’hôpital, les organisations, les lieux d’exercice, les pratiques, les métiers, les compétences ?

Références bibliographiques

  • Ade, D. ; Piot, T. (2018). La formation entre universitaristaion et professionnalisation. PURH.
  • Albero, B. & Thievenaz, J. (2022). Enquêter dans les métiers de l’humain : Traité de méthodologie de la recherche en sciences de l’éducation et de la formation. Tomes1.2.3. Éditions Raison et Passions.
  • Bourdoncle, R. (2007). Universitarisation. Recherche et formation, 54, 135-149.
  • Chêne, G. (2022). La place essentielle de la recherche en sciences infirmières : vision et perspective de santé publique. Recherche en soins infirmiers, 151(4), 5‑7.
  • de Saint-André, M. D., Montésinos-Gelet, I., & Morin, M.-F. (2010). Avantages et limites des approches méthodologiques utilisées pour étudier les pratiques enseignantes. Nouveaux cahiers de la recherche en éducation, 13(2), 159–1765.
  • Guyet, D. & Saillot, E. (2024). Un dispositif de formation initiale innovant sur la réflexivité des masseurs-kinésithérapeutes en situation clinique.  Pédagogie médicale, sous presse,
  • IGAS-IGESR. (2024). Ressources humaines et statuts des encadrants et enseignants-chercheurs dans les formations paramédicales universitarisées. Rapport IGAS n°2023-017r / igesr n° 22-23 001.
  • Johnson, S. S. (2021). The Science of Teamwork. American Journal of Health Promotion, 35(5), 730‑732.
  • Le Bouler, S., & Lenesley, P. (2021). Études de santé : le temps des réformes. Presses universitaires François-Rabelais.
  • Lenesley, P., Bitker, C., & Touzé, E. (2021). Universitarisation des formations des auxiliaires médicaux en Normandie Occidentale : retour d’expérience. Management & Avenir Santé, 8(1), 127‑141.
  • Lermusiaux, A. (2020). L’effet des socialisations scolaire et professionnelle sur les pratiques de travail en IFSI.Une observation directe des formes du travail étudiant dans la formation en soins infirmiers. Revue française de pédagogie, 209(4), 11‑28.
  • Merdinger-Rumpler, C., & Nobre, T. (2011). Quelles étapes pour la conduite du changement à l’hôpital. Management & Prospective, 28, 51-66.
  • Ministère des Solidarités et de la Santé (2018). L’universitarisation des formations en santé. Ministère des Solidarités et de la Santé.
  • Parent, C. & Bareil, C. (2014). Gérer une équipe de changement : illustration de pratiques appliquées au secteur de la santé et des services sociaux. Gestion, 39, 75-84.
  • Perez-Roux, T. (dir) (2019). La réforme des études en santé entre universitarisation et professionnalisation. Le cas des instituts de formation en masso-kinésithérapie. L’harmattan.
  • Pinsault, N. (2020). L’intégration à l’université d’un institut de formation en kinésithérapie. Soins cadres,29 ;117,34-36.
  • Sackett, D. L., Rosenberg, W. M. C., Gray, J. A. M., Haynes, R. B., & Richardson, W. S. (1996). Evidence based medicine: what it is and what it isn’t. BMJ, 312(7023), 71‑72. https://doi.org/10.1136/bmj.312.7023.71

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Soumission

La soumission fera l’objet d’une double évaluation de deux membres anonymes du comité scientifique.

Les papiers doivent être transmis au format word (.doc, .docx) et envoyés à l’adresse suivante :

pauline.lenesley@unicaen.fr &  emmanuel.touze@unicaen.fr

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Rédacteurs en chefs invités

Emmanuel Touzé

Professeur des Universités – PH

Doyen de l’UFR Santé

UFR santé, Université de Caen Normandie

emmanuel.touze@unicaen.fr

Pauline Lenesley

Maître de conférences,

UFR santé, Université de Caen Normandie

Nimec UR 969

pauline.lenesley@unicaen.fr

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Calendrier de la publication

La date limite de soumission des articles de recherche : 31 octobre 2024

La notification d’acceptation/révision des articles : 30 novembre 2024

La date de soumission des articles révisés : 15 janvier 2025

La notification d’acceptation de la version finale : 15 février 2025

Le numéro spécial est prévu pour publication au plus tard : février 2025

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Comité scientifique invité restreint

Yann Bourgueil, professeur santé publique, membre chaire santé Science Politique

Marie Cousineau, maitre de conférence en sciences de gestion – université de Rouen NIMEC EA 969

Sébastien Delescluse, médecin de santé publique, DGA ARS Normandie

Michael Eveno, Maître de conférences associé Université d’Evry Paris Saclay – IUT d’Evry – Département GEA, consultant formateur

Cécile Godé, professeur agrégé en sciences de gestion, Aix Marseille université, Laboratoire CERGAM UR4225

Delphine Guyet , Maître de conférences associé en sciences de l’éducation , UFR santé, Université de Caen Normandie, Cirnef  EA7454

Marouane Jaouat , Enseignant chercheur en sociologie, Université de Caen Normandie, CERREV UR 3918

Stéphane Lebouler, Economiste, Président du think tank Lisa

Sylvie Pezeril, directrice des instituts de formation paramédicaux du CHU de Caen

Eric Sailliot, professeur en sciences de l’éducation – université de Rouen CIRNEF EA7454

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Instructions aux auteurs

Le manuscrit complet ne doit pas excéder 5 000 à 8 000 mots (tout inclus). Le texte doit être présenté en interligne simple, et utiliser la police Times 12. Les titres et les sous-titres doivent utiliser la numérotation décimale (1., 1.1., 1.1.1.). Les pages doivent être numérotées.

Page de titre

Le texte soumis doit inclure une page de titre, qui comporte les informations suivantes :

– Titre

– Nom des auteurs et affiliations

– Adresse permanente

Résumé/Abstract

– Un résumé et un abstract de 400 mots maximum doivent être proposés.

– 3 à 6 mots-clés doivent être proposés.

Références bibliographiques

Les références dans le corps du texte doivent être présentées entre parenthèses, par nom d’auteur, suivi de la date de publication par exemple (Mick et Morlock, 2008). Si plusieurs références du même auteur sont citées, mettre en premier les références les plus anciennes. A la fin de l’article, les références citées dans le corps du texte doivent être listées (sans numérotation) par ordre alphabétique des auteurs. Pour les références ayant plus de 4 auteurs, utiliser la forme Mick et al.. Si plusieurs références ont le même auteur et la même date, utiliser les lettres « a, b,… » placées après la date pour les distinguer, par exemple (Mick, 2001a). Merci de respecter le format de citation suivant :

– Article de revue : POLLITT C. (2001), « Convergence : The Useful Myth ? », Public Administration, Vol. 79, n° 4, p. 933-947.

– Ouvrage: GALBRAITH J.-K. (2008), The Predator State, Free Press, New York.

Annexes

Le document ne doit comporter aucune annexe. Les schémas, tableaux et figures jugés essentiels doivent être inclus dans le corps du texte.

Émancipation, aliénation, délégation :
Analyse critique et questionnements éthiques des systèmes d’intelligence artificielle dans les organisations

Coordonné par Sylvie Michel et Marc Bidan

Date limite de soumission : 15 décembre 2024

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Les racines de la théorie critique nous rapprochent des travaux d’Emmanuel Kant et en particulier de son ouvrage « La Critique de la Raison Pure » (1781). Kant établit par le raisonnement ce qui peut être connu par la raison : que puis-je connaître ? Bien des années plus tard, face à la montée du nazisme, la première génération de l’École de Francfort (Adorno et Horkheimer) a revisité cette théorie critique. Cette nouvelle approche poursuit néanmoins le même objectif. Il s’agit de montrer que l’idéologie constitue le principal obstacle à l’émancipation. Horkheimer définit une théorie comme étant critique lorsqu’elle vise à libérer les êtres humains des circonstances qui les asservissent.

Plus récemment, en s’appuyant sur les travaux de Huault, Golsorkhi, et Leca (2009), la perspective critique – recentrée sur les sciences de gestion et du management et sur les organisations – met en lumière les relations asymétriques de pouvoir et les diverses formes de structures de domination présentes dans les organisations. Cette approche remet en question l’ordre établi considéré comme « naturel ». Elle examine également les discours et les idéologies sous-jacents au statu quo, qui génèrent une distribution asymétrique du pouvoir. En complément des approches traditionnelles, la perspective critique en management offre un regard différent – complémentaire, alternatif – sur la manière dont les options stratégiques sont influencées.

Dans la logique de ce numéro spécial, il est important de souligner que l’une des caractéristiques fondamentales des études critiques en management réside dans le fait que les chercheurs doivent adopter une approche, un positionnement ou une démarche visant à déconstruire les concepts établis et à souligner la relativité des phénomènes organisationnels.

C’est pourquoi nous pouvons la mobiliser pour aborder l’Intelligence Artificielle (IA) ou plus largement les Systèmes d’Intelligence Artificielle (SIA). Pour rappel, l’IA a été présentée et introduite dans les années 1950 par John McCarthy et Marvin Minsky aux USA dans le cadre de leurs travaux au MIT. Puis, des chercheurs comme Alan Turing, Herbert Simon et John von Neumann ont contribué au développement des intelligences qui avaient pour mission « d’imiter » le fonctionnement de l’humain. C’est ensuite dans les années 1980, que les travaux ou projets entrepreneuriaux de Geoffrey Hinton, Yann Le Cun, Luc Julia, Arthur Mensch et Yoshua Bengio ont ravivé l’intérêt pour des IA de plus en plus proches de l’humain en particulier grâce aux avancées sur les réseaux de neurones, la machine learning et le deep learning. C’est enfin vers le milieu des années 2000 et la fin des années 2010 – et avec de nombreux rapports – que les progrès à la fois de la puissance de calcul des serveurs et de la capacité de transport des données ont mis l’IA, ses algorithmes et ses outils à la portée des utilisateurs et des décideurs dans les organisations ! 

La définition élaborée et publiée par le groupe d’experts de haut niveau sur l’IA – celui qui fut installé par la Commission européenne – insiste clairement sur trois éléments fondamentaux et caractéristiques des SIA que l’on peut formaliser ainsi :

1. Un SIA est un ensemble de techniques (algorithmes simples ou apprenants, reconnaissance d’image, traitement du langage naturel, etc.) permettant d’analyser de très importants volumes de données, de différentes natures, structurées ou non ;

2. Un SIA interagit avec son environnement pour l’appréhender à travers des capteurs et/ou le modifier ;

3. Un SIA a la capacité d’apprentissage et d’adaptation et, finalement, d’influencer fortement les comportements et les décisions.

Plus récemment, avec la montée en puissance des LLM (Large Language Models) et l’avènement spectaculaire de robots conversationnels propulsés par OpenAI (ChatGPT), Google (Gemini, Bard), Meta (Llama), Mistral (MistralAI), Claude 3 (Anthropic), la question des IA génératives (IAG), de leur usage, de leur mobilisation dans les organisations et de leur éthique est devenue incontournable. Les IAG ont en effet pour mission de générer, de fabriquer, de proposer du contenu vraisemblable tel que du code, du texte, du son, des images et des vidéos en mobilisant de grands modèles de langage. Les IAG – dès lors qu’elles « génèrent » la réponse et non plus seulement « accompagnent » vers la réponse – signent-elles la fin des moteurs de recherche ? Le contenu proposé par l’outil est-il « la » réponse recherchée ou doit-il être retravaillé, corrigé, testé par l’humain ? Le prompt ou la conversation – une dizaine de prompts et réponses successifs – piloté par l’humain est-il pertinent, cohérent, spécifique, fiable ? Quid des hallucinations, des affabulations, des raccourcis, des discriminations issues des dataset et de l’apprentissage machine ? Le statut du contenu est-il clairement maîtrisé – plagiat, imitation, etc. – et notamment par le décideur ultime ? Toutes ces questions doivent rapidement être intégrées dans la fabrique de la décision au sein des organisations et notamment dans le couplage humain/robot ?

Ainsi, aujourd’hui, l’IA continue d’évoluer et ses applications se sont considérablement accrues, suscitant à la fois de nombreuses opportunités et des controverses (Véry & Cailluet, 2019 ; Benbya et al., 2021 ; Fuhrer, 2023).

Au travers de cet appel à article, les deux coordinateurs, le comité scientifique et le comité de lecture seront donc particulièrement sensibles à des propositions d’articles critiques oscillant autour des trois thèmes principaux – mais non exhaustifs – suivants :

• Le développement de perspectives critiques sur les transformations induites par l’IA au sein de nos organisations et de nos sociétés soulève des questions fondamentales. L’IA a le potentiel de remodeler le travail et son organisation, remettant en question le sens même du travail. Ces transformations touchent tous les secteurs : santé, éducation (Quinio & Bidan), tourisme, communication, défense, recherche, etc. Nous pouvons nous demander quelles sont les implications des IA dans l’ensemble de ces domaines (Chintalapati & Pandey, 2022 ; Dwivedi et al., 2023). Comment ces technologies sont-elles élaborées et intégrées dans les pratiques institutionnelles ? L’exemple de la crise – principalement liée à la différence d’idéologie avec ses partenaires – autour de l’éviction/réintégration de Sam Altman illustre cette problématique. Quelle est l’idéologie sous-jacente à l’implémentation des systèmes d’IA dans les organisations (Vesa & Tienari, 2022) ? Quels aspects de l’IA relèvent du mythe ou de l’idéologie dans l’imaginaire collectif (Benbya et al., 2020) ?  L’IA va-t-elle redéfinir les relations de pouvoir au sein des entreprises, le management des hommes (Heyder et al., 2023) ? Va-t-elle modifier la répartition du pouvoir ou renforcer les asymétries existantes (Monod et al.) ? Assisterons-nous à un statu quo ?

• Les interrogations sur l’identification, la caractérisation et la compréhension des défis éthiques posés par l’IA (Michel et al., 2022). Il convient de se poser la question de savoir si les dilemmes éthiques posés par l’IA sont nouveaux ou similaires à ceux des technologies du numérique (Hamet et Michel, 2018). Cela signifie qu’il est strictement nécessaire dans un premier temps d’identifier ces grandes questions éthiques liées à l’IA (Tsamados et al., 2021 ; Zacklad & Rouvroy, 2022 ; Giarmoleo et al., 2024). Déjà des problématiques concernant la surveillance, la vie privée, la propriété intellectuelle, les biais et préjugés, la transparence, la question de la « vérité », ont été mises à jour. Il convient aussi de ne pas négliger l’impact environnemental et énergétique du développement des IA et des IAG (Kirkpatrick, 2023 ; Bidan et al., 2024). Ces questionnements semblent d’autant plus complexes qu’ils sont interdépendants et intrinsèquement liés (Rowe et al, 2020 ; Michel et al., 2023).

• L’impact des tentatives de régulation que ce soit au niveau local, national ou international qui fleurissent depuis 5 ans (Adams-Prassl, 2022 ; Fournier-Tombs, 2021 ; Commission IA, 2024). Au niveau organisationnel, les chartes déontologiques, les codes éthiques et autres « catalogue de bonnes pratiques » se multiplient. La question qui s’impose est donc : sont-ils efficaces ? Les comités d’éthique sont-ils performants ? Au niveau national et international, quels sont les intérêts et enjeux des acteurs impliqués ? Comment se définissent les rapports de pouvoir entre les divers groupes engagés ? Qui sont les innovateurs, les développeurs, les régulateurs (pour citer une célèbre formule) ? Quelles sont les lacunes de ces réglementations et comment les combler ?

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Bibliographie indicative

Adams-Prassl, J. (2022). Regulating algorithms at work: Lessons for a ‘European approach to artificial intelligence’. European Labour Law Journal, 13(1), 30-50.

Adorno, T. W., & M. Horkheimer (1947). La Dialectique de la raison, trad. E. Kaufholz, Gallimard, Paris, 1974 ; rééd. coll. Tel, n 82.

Bawack, R. E., Wamba, S. F., Carillo, K. D. A., & Akter, S. (2022). Artificial intelligence in E-Commerce: a bibliometric study and literature review. Electronic markets, 32(1), 297-338.

Benbya, H., Davenport, T. H., & Pachidi, S. (2020). Artificial intelligence in organizations: Current state and future opportunities. MIS Quarterly Executive, 19(4).

Benbya, H., Pachidi, S., & Jarvenpaa, S. (2021). Special issue editorial: Artificial intelligence in organizations: Implications for information systems research. Journal of the Association for Information Systems, 22(2), 10.

Bidan, M., Ferreboeuf, H, Marrauld L., & Rodhain, F. (2024) Le numérique est une industrie de plus en plus lourde Reflets de la physique, 77. P. 151-154 DOI: https://doi.org/10.1051/refdp/202477151

Chintalapati, S., & Pandey, S. K. (2022). Artificial intelligence in marketing: A systematic literature review. International Journal of Market Research, 64(1), 38-68.

Dwivedi, Y. K., Kshetri, N., Hughes, L., Slade, E. L., Jeyaraj, A., Kar, A. K., … & Wright, R. (2023). “So what if ChatGPT wrote it?” Multidisciplinary perspectives on opportunities, challenges and implications of generative conversational AI for research, practice and policy. International Journal of Information Management, 71, 102642.

Fournier-Tombs, E. (2021). Towards a United Nations internal regulation for artificial intelligence. Big Data & Society, 8(2), 20539517211039493.

Fuhrer, C. (2023). Intelligence Artificielle : que dit la recherche récente ? Une approche combinée bibliométrique et textuelle. Management & Avenir, 137, 89-111.

Giarmoleo, F. V., Ferrero, I., Rocchi, M., & Pellegrini, M. M. (2024). What ethics can say on artificial intelligence: Insights from a systematic literature review. Business and Society Review.

Hamet, J., & Michel, S. (2018). Les questionnements éthiques en systèmes d’information. Revue française de gestion, (2), 99-129.

Heyder, T., Passlack, N., & Posegga, O. (2023). Ethical management of human-AI interaction: Theory development review. The Journal of Strategic Information Systems, 32(3), 101772.

Huault, I., Golsorkhi, D., & Leca, B. (2009). Les études critiques en management (p. 350). Presses universitaires de Laval.

Kant, I. (1905). Critique de la raison pure. E. Flammarion.

Kirkpatrick, K. (2023). The Carbon Footprint of Artificial Intelligence. Communications of the ACM, 66(8), 17-19.

Michel, S., Gerbaix, S., & Bidan, M. (2022, October). A plea for choosing ex ante an ethical theorical position for a relevant response to ethical issues posed by algorithmic systems. In 2022 IEEE – 3rd International Conference on Next Generation Computing Applications, 1-6.

Michel, S., Gerbaix, S., & Bidan, M. (2023). Questionnement éthique des systèmes algorithmiques. RIMHE: Revue Interdisciplinaire Management, Homme (s) & Entreprise, (1), 105-116.

Monod, E., Lissillour, R., Köster, A., & Jiayin, Q. (2023). Does AI control or support? Power shifts after AI system implementation in customer relationship management. Journal of Decision Systems, 32(3), 542-565.

Ngwenyama, Ojelanki and Rowe, Frantz (2024) “Should We Collaborate with AI to Conduct

Literature Reviews? Changing Epistemic Values in a Flattening World,” Journal of the

Association for Information Systems, 25(1), 122-136. DOI: 10.17705/1jais.00869 Available

at: https://aisel.aisnet.org/jais/vol25/iss1/5.

Quinio, B., & Bidan, M. (2023). ChatGPT: Un robot conversationnel peut-il enseigner?. Management & Datascience, 7(1).

Rowe, F., Ngwenyama O. & Richet, J.L. (2020) Contact-tracing apps and alienation in the age of COVID-19, European Journal of Information Systems, 29:5, 545-562, DOI: 10.1080/0960085X.2020.1803155 

Tsamados, A., Aggarwal, N., Cowls, J., Morley, J., Roberts, H., Taddeo, M., & Floridi, L. (2021). The ethics of algorithms: key problems and solutions. Ethics, governance, and policies in artificial intelligence, 97-123.

Véry, P., & Cailluet, L. (2019). Intelligence artificielle et recherche en gestion. Revue française de gestion, 45(8), 119-134.

Vesa, M., & Tienari, J. (2022). Artificial intelligence and rationalized unaccountability: Ideology of the elites?. Organization, 29(6), 1133-1145.

Zacklad, M., & Rouvroy, A. (2022). L’éthique située de l’IA et ses controverses. Revue française des sciences de l’information et de la communication, (25).

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Comité de Lecture

Blandine Ageron

Cédric Baudet

Isabelle Bourdon

Christophe Elit Dit-Cosaque

Chantal Fuhrer

Jean Philippe Galan

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Modalité de soumission

Les propositions d’articles doivent être envoyées aux adresses suivantes : sylvie.michel@u-bordeaux.fr et Marc.Bidan@univ-nantes.fr

Ces propositions devront respecter les normes de la politique rédactionnelle de la Revue Management & Avenir disponibles sur : https://managementetavenir.fr/

Les manuscrits soumis dans le cadre de cet appel à contributions feront l’objet d’une évaluation en double aveugle.

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Calendrier indicatif

–  Réception des propositions 15 décembre 2024

–  Retour de la première évaluation : 1er février 2025

–  Envoi de la seconde version des textes : 1er avril 2025

–  Retour de la seconde évaluation : 15 mai 2025

–  Envoi de la version finale : 15 juin 2025

–  Publication : 1 juillet 2025