Résumé
En 2000 l’État met en place le Schéma de Cohérence Territoriale pour inciter les communes à créer des politiques d’aménagement à l’échelle d’intercommunalités. Ces dernières se sont saisies de l’instrument de façon différenciée, faisant du SCOT un simple instrument ou le transformant en dispositif. Partant de l’idée que les instruments ont un fort potentiel pour produire des apprentissages, nous nous sommes intéressés à la façon dont le SCOT a permis à une Communauté de Commune d’apprendre à construire l’action collective, à travers une étude de cas centrée sur l’étude du processus de contextualisation de l’instrument. Si le SCOT a fait l’objet de beaucoup de réticences au départ il est devenu, par le travail d’enrôlement de certains porteparoles, un dispositif politique. Mais le SCOT n’a pas été le seul à être transformé, les acteurs aussi. Ce processus a favorisé des apprentissages individuels et collectifs – sensemaking, instrument-seizing – qui ont permis aux acteurs engagés dans « la situation de gestion » créée par le SCOT de participer à la gouvernance territoriale. À travers cette analyse, nous montrons que les instruments sont loin d’être neutres et qu’en plus de structurer le comportement des acteurs ils contribuent à la production des apprentissages et du sens – langage et projet commun – nécessaires à l’action collective.
Abstract
In 2000, the French State sets up an instrument, the ’Schéma de Cohérence Territoriale’, to incite municipalities to create more comprehensive urbanization policies at a larger scale : the Community of Municipalities. These have handled this instrument in a broad manner, some only using it as an urbanization tool while others turned it into a political apparatus. Knowing that instruments have a strong potential to induce learning, we studied how the SCOT allowed one such Community of Municipalities to learn about collective action, through a case study centered on the contextualisation process of the instrument. If the SCOT met strong resistance when it was first introduced, it became, through the process of enrolment set up by mediators, a political apparatus. This process triggered the creation of both individual and collective learning – sensemaking, instrumentseizing – which allowed the actors engaged in the management situation to take part in the territorial governance process. Through this analysis, we show that instruments are far from neutral : along with structuring the actors’ behavior, they contribute to the production of learning and of common sense and language necessary to collective action.