Editeurs invités : Emmanuel Touzé et Pauline Lenesley
Date limite de soumission des articles : le 31 Octobre 2024
L’intégration des professions paramédicales au sein des structures universitaires représente une transformation profonde tant pour les institutions d’enseignement que pour le secteur de la santé. Cette évolution, désignée sous le terme d’universitarisation, soulève d’importantes questions relatives aux comportements organisationnels, aux dynamiques de groupe, à l’identité professionnelle, et à la culture institutionnelle (Le Bouler & Lenesley, 2021).
D’après Bourdoncle (2007, 11), « il y a universitarisation lorsque les institutions de transmission des savoirs d’un secteur professionnel, ces savoirs eux-mêmes et les formateurs qui les transmettent se trouvent en quelque sorte absorbés par l’université ». Ce phénomène initialement décrit pour la formation des enseignants depuis 20 ans, en lien avec la création des instituts universitaires professionnels, puis des IUFM, puis des INSPE (Ade, Piot, 2018), se retrouve aussi dans les professions paramédicales (Perez-Roux, 2019).
Le passage à une formation universitaire pour les professions paramédicales modifie les attentes, les normes et les pratiques au sein des établissements de soins (Ministère des Solidarités et de la Santé, 2018). Cette transition peut influencer la perception de l’identité professionnelle parmi les paramédicaux, affectant leur engagement, leur motivation et, ultimement, la qualité des soins prodigués. Il devient crucial d’examiner comment ces professionnels négocient leur place dans un paysage éducatif et clinique en mutation, et comment cela se répercute sur leur intégration et leur collaboration au sein des équipes de soins.
L’universitarisation pose aussi des défis organisationnels, notamment en termes de gestion du changement (Merdinger-Rumpler & Nobre, 2011). Pour y répondre, les organisations de santé sont appelées à revisiter leurs méthodes de recrutement et de formation afin de garantir l’apprentissage et l’innovation (Parent & Bareil, 2014). L’ère post-pandémique, avec son orientation vers le travail hybride, accentue l’importance d’adapter les pratiques de gestion au changement (Johnson, 2021). Cela implique une collaboration plus inclusive et sécurisée, cruciale pour naviguer dans les défis structuraux et comportementaux au sein des organisations. Analyser ces processus permettrait de saisir comment les modifications structurelles affectent le comportement au sein des organisations, et inversement.
En outre, l’innovation pédagogique s’entendant ici au sens de Cros (1997, 2017), c’est-à-dire du point de vue des acteurs, dans un établissement donné, un contexte spécifique, et une période particulière, révèle régulièrement des tensions entre universitarisation et professionnalisation (Ade & Piot, 2018). Les acteurs s’accommodent des nouvelles conditions dues aux transformations induites et révisent ainsi leurs pratiques professionnelles de formateurs, d’évaluateurs, au service de la professionnalisation des apprenants et de la profession (Wittorski, 2019). La constitution récente des sections disciplinaires des sciences infirmières, de la rééducation/ réadaptation telles qu’elles sont respectivement homologuées en France au sein des sections 92 et 91 du Conseil national des universités ravive notamment la place de la recherche, de son enseignement et de son intégration au sein de la formation paramédicale universitaire. Cela soulève des questions sur l’évolution des compétences professionnelles et des pratiques de soins. En effet s’inscrire dans une démarche évidence base practice (EBP) (Sackett & al., 1996), à la fois basée sur les données probantes, sur l’expérience du professionnel et les préférences du patient, dans un contexte ecobiopsychosical, demande un temps d’acculturation et une modification des regards portées sur le soin et sur les pratiques professionnelles effectivement réalisées.
Il s’agira donc de prêter une attention toute particulière aux contributions qui viseront à éclairer comment les approches pédagogiques influencent non seulement l’apprentissage individuel (Guyet &Saillot, 2024) mais aussi la manière dont les professionnels interagissent au sein des équipes, impactant ainsi la dynamique organisationnelle et la prestation de services (Pinsault, 2020).
Cette intégration universitaire des formation paramédicales va aussi agir sur la transformation des équipes enseignantes et donc des modalités de transmission de la culture professionnelle comme le souligne le Rapport IGAS IGESR de mars 2024 « Ressources humaines et statuts des encadrants et enseignants-chercheurs dans les formations paramédicales universitarisées ». Ce rapport formule notamment dans sa recommandation 24 : « Construire un dispositif national et régional d’accompagnement des directeurs et formateurs dans l’intégration pédagogique à l’université par de nouvelles organisations des équipes et une complémentarité des missions entre expertises en soin, enseignement et recherche ».
Les contributions s’appuieront sur des approches méthodologiques mixtes, combinant l’analyse de données quantitatives sur les impacts mesurables de l’universitarisation (tels que taux de réussite, satisfaction professionnelle, efficacité des soins) et des études qualitatives comprenant des entretiens et des observations (de Saint-André, Montésinos-Gelet & Morin, 2010 ; Albero & Thievenaz, 2022). Cette diversité des approches méthodologiques est essentielle pour rendre compte de la complexité des changements en cours, en fournissant une vue d’ensemble riche et nuancée des répercussions de l’universitarisation sur les comportements organisationnels au sein des organisations de santé.
En définitive, les contributions attendues devront prendre en compte le point de vue des organisations de la santé et/ou des universités. Elles chercheront à repérer les conséquences de l’universitarisation sur les structures de santé (hospitalières ou de territoire), les lieux d’exercice, la tension profession-métier, les compétences professionnelles et les savoirs théoriques, ainsi que les répercussions sur le fonctionnement et l’organisation des Universités.
Plus particulièrement, elles aborderont la question cruciale de l’identité professionnelle des acteurs impliqués. L’universitarisation, en déplaçant les frontières traditionnelles entre formation professionnelle et académique, pose des défis en termes de reconnaissance des métiers paramédicaux. Ces professionnels sont souvent confrontés à un besoin de « validation » et de valorisation de leur expertise à la fois dans les milieux cliniques et académiques, ce qui peut redéfinir leur sentiment d’appartenance et leur engagement envers leur profession.
L’expérimentation des nouvelles méthodologies pédagogiques et l’intégration de la recherche dans les cursus doivent être évaluées pour assurer qu’elles répondent non seulement aux standards académiques mais aussi aux exigences concrètes des environnements de soins de santé. La cohérence de l’offre de formation, devant s’aligner avec les besoins évolutifs du secteur de la santé, nécessite une collaboration étroite entre établissements universitaires et institutions de soins. Cela garantit que les programmes de formation restent pertinents et adaptés aux défis contemporains de la santé, tout en préparant efficacement les étudiants à des carrières réussies et satisfaisantes dans les métiers paramédicaux. Ces discussions contribueront significativement à la compréhension et à la mise en œuvre de stratégies efficaces pour une universitarisation réussie qui bénéficie à tous les acteurs impliqués.
Les questions qui pourront être étudiées seront donc liées aux approches suivantes :
La soumission fera l’objet d’une double évaluation de deux membres anonymes du comité scientifique.
Les papiers doivent être transmis au format word (.doc, .docx) et envoyés à l’adresse suivante :
pauline.lenesley@unicaen.fr & emmanuel.touze@unicaen.fr
Emmanuel Touzé
Professeur des Universités – PH
Doyen de l’UFR Santé
UFR santé, Université de Caen Normandie
emmanuel.touze@unicaen.fr
Pauline Lenesley
Maître de conférences,
UFR santé, Université de Caen Normandie
Nimec UR 969
La date limite de soumission des articles de recherche : 31 octobre 2024
La notification d’acceptation/révision des articles : 30 novembre 2024
La date de soumission des articles révisés : 15 janvier 2025
La notification d’acceptation de la version finale : 15 février 2025
Le numéro spécial est prévu pour publication au plus tard : février 2025
Yann Bourgueil, professeur santé publique, membre chaire santé Science Politique
Marie Cousineau, maitre de conférence en sciences de gestion – université de Rouen NIMEC EA 969
Sébastien Delescluse, médecin de santé publique, DGA ARS Normandie
Michael Eveno, Maître de conférences associé Université d’Evry Paris Saclay – IUT d’Evry – Département GEA, consultant formateur
Cécile Godé, professeur agrégé en sciences de gestion, Aix Marseille université, Laboratoire CERGAM UR4225
Delphine Guyet , Maître de conférences associé en sciences de l’éducation , UFR santé, Université de Caen Normandie, Cirnef EA7454
Marouane Jaouat , Enseignant chercheur en sociologie, Université de Caen Normandie, CERREV UR 3918
Stéphane Lebouler, Economiste, Président du think tank Lisa
Sylvie Pezeril, directrice des instituts de formation paramédicaux du CHU de Caen
Eric Sailliot, professeur en sciences de l’éducation – université de Rouen CIRNEF EA7454
Le manuscrit complet ne doit pas excéder 5 000 à 8 000 mots (tout inclus). Le texte doit être présenté en interligne simple, et utiliser la police Times 12. Les titres et les sous-titres doivent utiliser la numérotation décimale (1., 1.1., 1.1.1.). Les pages doivent être numérotées.
Page de titre
Le texte soumis doit inclure une page de titre, qui comporte les informations suivantes :
– Titre
– Nom des auteurs et affiliations
– Adresse permanente
Résumé/Abstract
– Un résumé et un abstract de 400 mots maximum doivent être proposés.
– 3 à 6 mots-clés doivent être proposés.
Références bibliographiques
Les références dans le corps du texte doivent être présentées entre parenthèses, par nom d’auteur, suivi de la date de publication par exemple (Mick et Morlock, 2008). Si plusieurs références du même auteur sont citées, mettre en premier les références les plus anciennes. A la fin de l’article, les références citées dans le corps du texte doivent être listées (sans numérotation) par ordre alphabétique des auteurs. Pour les références ayant plus de 4 auteurs, utiliser la forme Mick et al.. Si plusieurs références ont le même auteur et la même date, utiliser les lettres « a, b,… » placées après la date pour les distinguer, par exemple (Mick, 2001a). Merci de respecter le format de citation suivant :
– Article de revue : POLLITT C. (2001), « Convergence : The Useful Myth ? », Public Administration, Vol. 79, n° 4, p. 933-947.
– Ouvrage: GALBRAITH J.-K. (2008), The Predator State, Free Press, New York.
Annexes
Le document ne doit comporter aucune annexe. Les schémas, tableaux et figures jugés essentiels doivent être inclus dans le corps du texte.